Les CICA ont été
créés par l'article 16 de la loi dite PML du 31 décembre 1982 dans chaque
arrondissement des trois villes Paris, Marseille et Lyon afin d'organiser un
dialogue formel entre les associations et les conseils d'arrondissement. Ils
réunissent les représentants des associations locales ou membres de fédérations
ou confédérations qui en font la demande et qui exercent leur activité dans
l'arrondissement. Au moins une fois par trimestre les représentants de ces
associations participent, s'ils le sollicitent, aux débats du conseil
d'arrondissement avec voix consul-tative. Il y exposent toute question et font
toute proposition intéressant leur domaine d'activité dans l'arrondissement. Le
conseil d'arrondis-sement délibère en leur présence.
Cette
disposition originale et novatrice donne aux associations des moyens
d'intervention collective dans la vie démocratique locale. Mais le rapport met
en évidence que ni les élus ni les associations ne se sont emparés de ces
opportunités. Les premiers, parce que cette mesure, conjuguée avec le projet,
par la suite abandonné, de donner aux arrondissements des compétences
municipales complètes, leur paraît réduire le pouvoir municipal. Les secondes,
parce que le pouvoir, pour finir, n'est pas au niveau du conseil
d'arrondissement, parce que la mise en place des CICA nécessite de leur part un
énorme travail de mobilisation et de coordination et qu'elles ont le sentiment
de pouvoir être mieux entendues dans une démarche individuelle.
La mise en place
des CICA à Paris, à partir de l'été 1983, fut lente et molle et placée sous
l'autorité du maire de l'arrondissement. Les réunions trimestrielles du conseil
d'arrondis-sement, appelées à tort CICA, furent pour la plupart consacrées à
des thèmes très généraux, plus pour information que pour faire émerger des
propositions d'initiative associative. Les dispositions permettant d'obtenir du
conseil d'arrondissement toute information nécessaire à la préparation des
débats et de demander une délibération du conseil d'arrondissement ne furent
pas utilisées. L'invitation de toutes les associations inscrites au CICA et non
des seules associations ayant sollicité l'ordre du jour sur un sujet précis a
également limité la qualité des débats.
Suite aux
élections municipales de 1995, les nouvelles équipes municipales ont cherché à
améliorer le fonctionnement des CICA, mais sans remettre en cause l'approche
antérieure. Des commissions de coordination ou d'animation des CICA ont été
créées, des groupes de travail ont été chargés de préparer les séances
trimestrielles. Cette démarche n'a pas eu les effets escomptés, d'autant que la
création des conseils de quartier a brouillé le paysage. La réunion
trimestrielle tient souvent d'une séance publique particulière où, après la
présentation du thème, la parole est donnée à la salle qui peut accueillir,
outre les associations du CICA, d'autres associations intéressées qui ne sont
pas obligatoirement implantées dans l'arrondissement, ou encore des représentants
des conseils de quartier ou même des habitants. Ces réunions se terminent très
rarement par une demande de délibération, celle-ci étant d'ailleurs reportée à
la prochaine séance du conseil d'arrondissement pour des raisons de procédure
et de relations entre les mairies d'arrondissement et les services de l'Hôtel
de Ville.
Au terme de son
analyse, Jacques Remond est convaincu qu'il faut refonder les CICA.
Il pense qu'une
information complète des associations sur le texte et l'esprit de l'article 16
de la loi du 31 décembre 1982 pourrait convaincre certaines d'entre elles de
l'intérêt de cette structure associative inédite et conduire à un
renouvellement des membres du CICA. Désormais composé d'associations disposées
à jouer leur rôle, celui-ci serait en mesure de demander au maire
d'arrondissement les moyens de fonctionner (secrétariat, informa-tions,
contacts, mais aussi organisation de la séance trimestrielle) pour travailler
lui-même de vrais sujets qu'il présenterait ensuite au conseil d'arrondissement.
Cette refondation pourrait être expérimentée dans certains arrondissements
volontaires pendant trois ans.
Pour Jacques
Remond, le CICA doit s'articuler avec les autres instances consultatives
offertes à la participation des habitants (conseils de quartier, des jeunes,
des étrangers non communautaires, commissions extra-municipales, etc.) ainsi
qu'avec les CICA des autres arrondissements de la ville. Il s'interroge sur la
création d'un «  21ème CICA  » destiné aux associations à
vocation globale sur Paris qui interviendrait alors devant le conseil de Paris.
Françoise Samain