Les
rapports entre Paris et sa région sont une nouvelle préoccupation depuis
environ une dizaine d'années. M. Delanoë a nommé un adjoint chargé des
relations avec les 29 communes riveraines, on a signé une quinzaine de
conventions de coopération, les études s'accumulent comme celle de l'APUR ou de
la Sorbonne, que voici.
L'actualité c'est que ces
relations vont être fixées, matérialisées par deux documents d'urbanisme : le PLU de Paris, le Schéma directeur de la Région.
Pourront-ils être compatibles?
Sur
la forme on peut se poser la question. Théoriquement le SDRIF s'impose au PLU
mais le PLU sera prêt avant le SDRIF, en 2006. Faudra-t-il modifier le PLU s'il
n'est pas conforme ?
Sur
le fond l'affaire est beaucoup plus sérieuse.
La
place de Paris reste écrasante dans la vie francilienne. Avec seulement 18% de
la population sur moins de 1% du territoire, la Ville produit 36% du PIB
régional et concentre les emplois, les commerces, les grandes sociétés, les
transports, les universités, les hôpitaux, l'essentiel des équipement
culturels, 52% des hôtels, etc.
Cette
hyper-concentration engendre à la fois une hyper-productivité mais aussi les
déplacements alternatifs que l'on connaît et, par voie de conséquence, un
mal-vivre qui affecte tous les franciliens... et qui, phénomène sans précédent
historique, les pousse à partir.
Cette
situation pourrait fragiliser la région lorsque les 3 grandes crises prévisibles
arriveront : la crise sociale et urbaine des communautarismes, la crise
économique engendrée par le renchérissement de l'énergie, la crise écologique
par l'accumulation des nuisances et les modifications climatiques.
La
raison voudrait que l'on renoue avec la politique des villes nouvelles mais
cette fois par la restructuration de la banlieue ou de la petite couronne
autour d'une demi-douzaine de grands pôles recevant enfin les équipements
indispensables à une vie urbaine équilibrée : services publics, activités
économiques, hôpitaux, universités, équipements culturels. Ces villes étant
reliées entre elles par des transports en commun de qualité. Cela supposerait
une modestie complètement nouvelle dans les ambitions parisiennes de manière à
faire porter tous les efforts, notamment financiers, sur l'édification de ces
pôles attractifs.
Or
c'est bien le contraire qu'on observe. Paris et ses responsables veulent tout
garder. La Bibliothèque nationale, les hôpitaux de l'AP, les universités (Paris
VII), les équipements culturels (l'opéra à la Bastille et le musée des Arts
premiers au pied de la Tour Eiffel) les équipements sportifs (l'institut
national des sports au bois de Vincennes et Roland Garros au bois de Boulogne).
Les nouveaux quartiers de Paris - Paris-Rive Gauche, Paris Nord-Est, les
Batignolles - accumulent les bureaux, les logements et les équipements comme
par le passé. L'hyper-développement de Paris continue. Est-ce cela qu'il
fallait faire ? La révision du PLU et celle du SDRIF étaient l'occasion de
poser vraiment le problème. On l'a escamoté.
Marc
Ambroise-Rendu,
vice-président de l'ADA 13,
vice-président d'IDFE