Paris, le 28 mai 2012

Lettre aux candidats aux législatives 2012 dans le treizième arrondissement de Paris

Ada13 rassemble depuis près de cinquante ans des habitants du treizième arrondissement qui aiment leur quartier et participent activement à la vie locale et aux changements qui les concernent. À partir de problèmes concrets portant sur l’habitat, la circulation, les espaces verts, l’urbanisme, notre association propose des solutions collectives à l’échelle de l’arrondissement. Forte de son expérience, elle est à même de porter un message sur les enjeux urbains du moment qu’elle présente ici aux candidats à la députation.

La mixité sociale est un objectif à préserver et développer.
Le renouvellement urbain depuis les années soixante a conduit à une exclusion des populations les plus modestes, et les nouveaux logements sociaux sont plutôt construits dans le haut de gamme et pour de petites familles. Un rééquilibrage est indispensable pour permettre aux jeunes couples d’agrandir leur famille et aux personnes ayant des horaires décalés de se loger à proximité de leur travail. Le logement étudiant, diffus pour favoriser une meilleure relation avec la population locale, doit être financé.
Les activités qui se sont installées dans le treizième arrondissement, notamment sur Paris-Rive gauche, sont principalement des bureaux de grandes sociétés. Il convient de faciliter l’implantation de petites entreprises nécessaires pour le dynamisme économique et l’équilibre environnemental du quartier. Nous souhaitons que les objectifs de création de 100 000 m² de locaux d’activité dans PRG soient maintenus et réalisés.
Ces questions soulèvent celle de la coopération intercommunale dans la région capitale. Les problèmes du logement et des activités doivent en effet être traités à une échelle plus large que Paris intra-muros, et les implantations doivent être privilégiées dans la proche couronne, dans des lieux bien desservis par les moyens de communication. Nous nous réjouissons de tout ce qui peut favoriser une meilleure coordination entre les responsables parisiens et ceux de la petite couronne. Il nous paraît essentiel que le champ d’analyse des décideurs soit élargi.

Les transports en commun doivent suivre l’évolution de l’urbanisme et favoriser une meilleure liaison entre Paris et les communes voisines. Ainsi, le projet du Grand Paris devra s’attacher à gommer les coupures au niveau du périphérique. En ce qui concerne le treizième, la prolongation de la ligne 10 jusqu’au centre d’Ivry et un arrêt de la ligne 14 à Maison-Blanche nous paraissent indispensables.

Le rôle des équipements publics dans la vie sociale est essentiel. Ils peuvent jouer en faveur du désenclavement des quartiers les plus isolés, et l’association restera vigilante pour leur développement et leur dynamisme. De même, l’association s’intéresse au devenir de Grand Écran et de la halle Freyssinet. Elle souhaite que des équipements porteurs soient prévus dans les quartiers qui seront construits près du périphérique.
La décroissance de la médecine de ville et le recours excessif aux urgences hospitalières mettent en évidence le rôle primordial des dispensaires et des centres de santé, qui en outre jouent un rôle important dans la prévention. Le treizième connaît une mobilisation forte autour du Centre du Moulinet en danger, mais il n’est malheureusement pas le seul dans ce cas. Une nouvelle orientation de la politique des soins apparaît nécessaire.

La lutte contre l’exclusion et pour la réinsertion sociale : notre association a suivi les projets de réhabilitation des centres d’hébergement et de réinsertion sociale nombreux dans notre arrondissement. Elle se félicite de l’humanisation des locaux prévus mais s’inquiète de la diminution des moyens humains dans ces centres, peu compatible avec les objectifs annoncés d’un meilleur suivi des personnes.

La participation des habitants à la vie locale et aux changements qui les concernent est au cœur de l’action d’Ada 13. Les initiatives qui ont été prises dans cette intention sont intéressantes. Elles doivent être évaluées et développées afin de ne pas se limiter à de simples opérations de communication. Une véritable implication des habitants signifie discussions, aménagements des projets, ce qui n’est pas encore le cas, les structures de concertation doivent à notre sens être amplifiées.

Françoise Samain
Présidente