Le conseil de quartier n° 8, dans le cadre d’une étude participative sur les « aires de rien », identifie les lieux délaissés, inoccupés, sur la base de l’expérience des habitants qui font valoir leur connaissance du terrain. Un groupe de travail s’est constitué pour identifier ces surfaces vides, évaluer leur potentiel, leur suggérer des destinations. Cette démarche innovatrice pourrait s’étendre aux quartiers voisins, voire même plus largement à l’agglomération parisienne.

Un premier repérage permet de distinguer des espaces libres par destination (placettes, angles de rue…) qui ont leur utilité et les espaces « inutiles », inoccupés ou abandonnés (friches industrielles, terrains vagues, chantiers…). Ces derniers, souvent ressentis comme « moches » et sales, peuvent être mis en valeur avec un aménagement artistique (projets des architectes paysagers par exemple), une reconversion de fonction (commerces, loisirs, équipements sanitaires, centre de compostage…). Certains lieux vides viennent spontanément à l’esprit : esplanade de la BnF, Halle Freyssinet, espaces sous le métro aérien… D’autres plus discrets sont à repérer. Le groupe de travail s’y emploie avec l’aide d’outils performants : photos, videos, cartes (Gogle map, 4D), liste et description des rues du CQ 8. Cette reconnaissance des lieux s’accompagne d’une recherche sur leur passé, leur environnement, leurs liens avec le quartier. Ce sont pour le moment des outils destinés au groupe de travail pour éclairer leur connaissance et leur réflexion mais l’idée est à terme d’en assurer la diffusion pour informer le public. Celui-ci a pour le moment la possibilité de faire des signalements ou des suggestions, d’envoyer des photos par le biais de l’adresse airesderien@gmail.com. Des réunions publiques sont organisées pour faire connaître l’expérience et faire venir les personnes intéressées dans le groupe de travail (contact possible à l’adresse ci-dessus). Pour le moment, on en est à la phase d’inventaire. Toute proposition est recevable, il n’y a pas de lieu « sacré ». Rien n’est encore défini pour la mise en œuvre de ce projet dont la construction doit se faire au fur et à mesure.

Le maire du 13e est séduit par cette idée et trouve très intelligente l’appellation « aires de rien » mails il juge nécessaire de ne pas en rester à l’idée : il faut aller au-delà, avec la coopération de ses services. Il y a des questions juridiques de statut (terrains relevant de la RATP, des Ports de Paris) et des contraintes techniques. Il faut tenir compte de l’expérience et des études antérieures portant sur l’utilisation de ces emplacements.

C’est un rappel utile de la nécessité de confronter ses rêves à leur faisabilité. Valoriser les lieux oubliés de notre arrondissement est sûrement une belle idée mais il faudra trouver le consensus sur leur localisation et leur réemploi. Sans oublier que donner de la vie et de l’utilité ne doit pas tourner à l’horreur du vide. Quelques respirations sont nécessaires à celui qui aime flâner, s’isoler, faire de la musique, taguer, faire du roller… À tous ceux qui aiment les trous dans la ville !

Brigitte Einhorn