Cet avis traduit les réflexions du groupe de travail
d'ADA 13 réuni le 23 septembre 2005. Ce groupe s'est appuyé sur des
contributions élaborées par Ginette Treton, représentante de l'ADA 13 à la
concertation PRG, ainsi que par Marc Ambroise-Rendu.   
Le groupe a par ailleurs pris
connaissance 
:
-                    du document de l'établissement public
du Palais de justice de Paris (EPPJP) chargé de la construction du nouveau
Tribunal de Grande Instance (TGI) présentant le projet de nouveau Palais de
justice à Paris (2005) 
-                    du rapport du groupe de travail de la
SEMAPA du 21 juin 2005 
-                    des études d'implantation et de
faisabilité du TGI de l'EPPJP et de la SEMAPA (8 juillet 2005)
-                    de
l'étude multicritères du bureau d'études BETURE sur les conséquences en termes
de circulation des différentes hypothèses d'implantation (19 septembre 2005)
Le groupe avait pris part à la visite
des sites organisée par la SEMAPA le 10/9/05.
Ce travail a été approuvé par le
conseil d'administration d'ADA 13 réuni le 29 septembre 2005 en vue d'être
présenté aux adhérents de l'association 
pour discussion.
Il a été actualisé à la date du 23
novembre 2005, et tient compte des informations reçues et discutées par les
adhérents au cours d'une rencontre organisée le 8 novembre 2005 par l'ADA 13,
avec M. CLERET, Directeur de l'Etablissement Public du Palais de Justice de
Paris (EPPJP), et M. VION, représentant de la SEMAPA.
L'ADA 13 a voulu que  sa contribution soit une réflexion sur
l'impact socio-économique des hypothèses crédibles d'implantation, et sur
l'aspect qualitatif des projets présentés, en prenant en compte ces impacts
dans le court et le plus long terme.
 
1.               l'ADA
13 souhaite se prononcer sur les conséquences des choix possibles, plutôt que
sur ces choix eux-mêmes. Son avis veut être une expression de la sensibilité de
la population de ses adhérents aux problèmes potentiels posés par
l'implantation, dans un esprit de concertation.
 
2.                l'ADA 13 considère que, sur les six
sites présentés dans l'étude, seuls deux sont «  crédibles  »  :
celui de Tolbiac-Chevaleret (étudié par Reichen), et celui de Masséna
-Bruneseau (étudié par Lion). Les autres sites comportent soit des contraintes
techniques refusées par le maître d'ouvrage (construction sur dalle, par
exemple), soit des contraintes de délais (de libération des emprises, ou de
réalisation) ou de coût ne permettant pas de respecter l'échéance prévue de
2012. La concertation PRG a officiellement entériné le 10 octobre 2005 le fait
qu'il n'existait plus que deux sites éligibles 
 
3.                l'ADA 13 rappelle la spécificité de cet
équipement bien particulier, dont le rayonnement dépasse ses limites
fonctionnelles (Paris), et dont l'importance en emplois (3000), en visiteurs
(3000/jour) et en surface de bureaux (115000 m2) représente un enjeu
exceptionnel pour l'avenir de notre arrondissement, en rééquilibrant le
développement économique de Paris vers l'est 
 
4.                l'ADA 13 rappelle également que, si la
concertation mise en place a permis d'ouvrir un certain nombre de débats et de
prendre mieux en compte que par le passé (et qu'ailleurs) l'avis de la
population à travers l'expression de ses représentants «  non
institutionnels 
», notamment associations et conseils de quartiers, ces
procédures restent lourdes et peu satisfaisantes, au regard des enjeux. Elle
n'a pas permis à ce jour une évaluation précise des avantages et des
inconvénients du choix de chacun des sites.
 
5.                Sur le site Masséna-Bruneseau, l'ADA 13 exprime
l'avis suivant  :
-                    Ce
site offre un potentiel important pour la création d'un ensemble monumental
marquant un accès majeur à l'est de Paris, sous réserve du déplacement de la
cimenterie, et d'autres équipements ce potentiel peut, toutefois, être mis en
valeur par un autre équipement que le TGI, à plus long terme 
-                    l'intérêt
du site pour la réalisation du projet TGI  est mieux perceptible si l'on
se place à plus long terme
-                    l'implantation
du TGI pourrait permettre de requalifier ce site a priori handicapé par
son enclavement et sa configuration  le TGI n'étant qu'un des éléments
contribuant à cette requalification, mais un élément important 
-                    le bord de Seine peut être un élément paysager valorisant, sous réserve
d'aménagements sans doute importants permettant de désenclaver cette partie de
la berge située entre les deux ports industriels 
-                    il
permet la construction en pleine terre exigée pour des raisons
techniques par le maître d'ouvrage 
-                    un
équipement de cette importance, compte tenu également de l'arrivée de
l'Université avec ses 30 000 étudiants, ses personnels, professeurs et
chercheurs, de l'Ecole d'Architecture, du Biopark, du Pôle des Langues et
Civilisations, exige des moyens d'accès performants. A cet égard, la
présence du périphérique et du boulevard Masséna représente un élément positif,
surtout si le prolongement du tramway se concrétise. Mais il est nécessaire de
le compléter par l'aménagement d'une nouvelle station du RER C (car la station
Bibliothèque est trop éloignée), et par le prolongement de la ligne 10 du
métro 
-                    une
implantation du TGI sur ce site permettrait de préserver dans le reste de la
ZAC des espaces de logements et d'activités (commerciales par exemple),
qui sont indispensables à l'équilibre de la vie dans cette zone 
-                    le
projet peut poser des contraintes de hauteur au regard des prescriptions du PLU
qu'il faudra prendre en compte 
-                    En
conclusion, l'implantation du TGI sur ce site peut faciliter le bouclage de la
ZAC et sa liaison avec la commune voisine d'Ivry. Cet équipement peut en effet,
par sa monumentalité et sa symbolique forte, marquer l'entrée de la ZAC à son
extrémité est en faisant pendant à la Bibliothèque François Mitterrand, autre
pôle monumental et symbolique du quartier.
Il conviendra cependant de veiller à ce
que le cahier des charges du TGI accorde une priorité forte à l'insertion de
l'équipement dans son environnement et facilite le passage entre l'est de la
ZAC et la commune d'Ivry.
L'aménageur
quant à lui devra profiter de l'introduction à cet endroit d'un équipement de
cette ampleur pour réduire l'obstacle complexe du périphérique et penser
l'aménagement de cette extrémité de la ZAC en liaison avec le développement de
la commune d'Ivry.
 
6.               Sur le site Tolbiac-Chevaleret, l'ADA 13 exprime
l'avis suivant  :
-                    une implantation sur ce site est la seule, à ce jour, à
valoriser complètement la Halle du SERNAM, patrimoine ferroviaire de notre
arrondissement largement reconnu  il faudra veiller à ce que la
Halle, devant accueillir la salle des pas perdus et des salles d'audience, soit
aussi un lieu ouvert aux Parisiens offrant des activités et/ou services civiques,
citoyens et culturels 
-                    ce
site offre une densité et une qualité de desserte par les
différents modes de transport plus importantes dès la mise en ouvre du projet
(Meteor, lignes 10 et 6, bus, RER.)  mais cette offre est déjà très
chargée, et nécessitera d'être renforcée pour faire face aux besoins de
l'ensemble de la ZAC
-                    il
permet la construction en pleine terre exigée pour des raisons
techniques par le maître d'ouvrage 
-                    un
travail essentiel devra être fait, si le Tribunal de Grande Instance est
implanté sur ce site, à proximité du ministère des finances, de l'hôpital de la
Salpêtrière et de la Bibliothèque François Mitterrand, pour rééquilibrer les
fonctions et créer un véritable «  pôle de vitalité et de
diversité 
» dans cette partie de l'arrondissement, avec commerces
variés, services de proximité, espaces verts organisés 
-                   il
permet au TGI, établissement réservé aux Parisiens, de s'implanter au
cour 
d'un quartier
-                    le projet devra prévoir des passages
pour éviter une coupure entre l'ancien et le nouveau
13ème 
(prolongement de la rue Clisson, par exemple).
 
7.                Quel que soit le site retenu, les conditions nécessaires
au succès du projet dans la durée sont, pour notre association, de  :
-                    veiller
à l'insertion du projet dans le quartier  : équilibre entre les
différentes fonctions, hauteur, circulations, espaces publics de qualité,
« 
discrétion 
» du fonctionnement (convois protégés) 
-                    veiller
à l'accessibilité des équipements publics et privés 
-                    être ambitieux vis-à-vis du développement
durable 
: haute qualité environnementale et architecturale, incluant
isolation efficace, valorisation des déchets, traitement des effluents,
végétalisation des terrasses,.
-                    s'assurer d'une desserte adéquate en
transports en commun dès la mise en ouvre du projet 
-                    faire
en sorte que le TGI reste, autant que possible, un espace ouvert sur son
environnement proche et bien intégré 
-                    organiser dans le temps les phases de
réalisation, de façon à mener de front et sans à-coups la conduite du projet et
la maîtrise de son accompagnement (équipements et transports)
-                    prendre
en compte, dès le début, les besoins d'extension à terme du TGI 
-                    poursuivre le travail de concertation
avec les habitants, pour accompagner la réalisation du projet dans sa mise en
ouvre 
, en y associant les nouveaux habitants de ces nouveaux quartiers.
 
ADA 13 donne
ici un avis sur un état donné des projets  notre association  suivra attentivement les réalisations, et se
prononcera au fur et à mesure des étapes de la mise en ouvre.
+++++
La façon dont le débat a été mené devant
l'opinion fait aussi l'objet de remarques de l'ADA 13, comme on le verra dans
la lettre d'envoi à Monsieur Blisko reproduite ci-dessous.
Paris, le 24/11/2005
Monsieur le Maire,
Nous vous transmettons ci-joint notre avis sur
l'implantation du Tribunal de Grande Instance de Paris dans la ZAC Paris Rive
Gauche.
L'implantation d'un équipement d'une telle ampleur,
quel que soit le site retenu, aura bien évidemment des répercussions sur la vie
du quartier qu'il convient d'étudier avec attention. Un geste architectural,
aussi réussi soit-il, ne suffira pas et un travail concerté de grande ampleur
sera nécessaire pour faire évoluer les exigences de l'EPPJP et pour prendre les
décisions d'aménagement qui s'imposeront.
C'est dans cette optique que nous avons souhaité
étudier cette question. Après avoir pris connaissance des projets de
l'établissement public du Palais de Justice de Paris, des offres de la SEMAPA,
des études de faisabilité réalisées pour les six sites potentiels, nous avons
essayé de mettre en évidence les conditions de la réussite de l'implantation du
Tribunal sur l'un et l'autre des principaux sites finalement envisagés et les
conséquences positives et négatives sur l'aménagement urbain. Nous avons essayé
de prendre en compte la situation actuelle mais également de nous situer dans
le long terme.
Si nous avons apprécié la qualité de l'information qui
a pu nous être communiquée grâce à la SEMAPA, nous avons regretté que dès le
départ vous ayez ouvertement pris parti pour une implantation sur le site
Masséna Bruneseau. Cette position en effet n'a pas permis un travail serein au
sein des associations, de la concertation et des conseils de quartier. Or nous
estimons que ce travail aurait été indispensable pour l'élaboration du cahier
des charges de l'EPPJP et pour l'examen des suites à donner en termes
d'urbanisme à la décision d'implantation qui sera prise.
Nous attendons de votre part des informations sur la
façon dont sera menée la concertation sur l'ensemble de ces points, dès que le
site aura été finalement choisi.
Nous vous prions de croire, Monsieur
le Maire, à l'expression de notre considération la meilleure.
                                                                                                                                                                                          Françoise
Samain
                                                                                                                                                                                                  Présidente
Monsieur BLISKO
Maire du 13ème  arrondissement de Paris
Copie  : M.
DELANOË